La route continue aujourd'hui pour rejoindre Barcelona une soirée, avant de remonter le long de la Catalogne jusqu'à la France. Peu de personnes avec nous sur ce bateau qui file vers le continent malgré la mer agitée et les orages. 7h de trajet ça laisse le temps de réfléchir aux prochaines semaines et ça laisse aussi le temps de penser aux précédentes. Certaines choses ont changé en deux mois. On avance plus facilement, on supporte mieux les longues journées sur le vélo, on rencontre beaucoup plus de monde dès qu'on rejoint un site touristique, les prix ne sont plus aussi abordables, on ne prend plus de coups de soleil, on se passe très facilement de notre confort parisien, on regarde moins la météo... Bref, on se laisse vraiment porter par le voyage et ça me rappelle quelques phrases qui nous ont été dites au tout début et qui me trottent dans la tête depuis : "Il faut aller là où vous connaissez des gens, les revoir et partager quelques moments avec eux." Ou encore "Peu importe où vous irez, il y aura toujours quelque chose à voir". Et plus récemment " Vous voyagez différemment, 3 mois ce n'est pas rien, vous n'êtes pas des touristes". Et C'est vrai, on ne passe pas nos journées avec un appareil photo à la main, on ne visite pas toutes les églises qu'on croise, on ne mange pas au restaurant tous les soirs, on évite même parfois les endroits où on peut faire tout ça. On vit toutes ces destinations autrement, on est à la fois nomades et imprégnées de lieux qu'on ne connaissait pas, il y a quelques semaines à peine. Même si on est toujours très heureuses de croiser un glacier, on l'est encore plus quand on est au calme en dehors des sentiers battus. Et C'est comme ça qu'on n'a pas fait le tour de toutes les calas de Mallorca mais qu'on a dormi dans une vraie maison du coin, chassé les pigeons des gouttières, pique-niquer au pied du Puig Major de nuit. C'est aussi pour Ça, qu'on n'a pas passé tant de temps que ça a la plage mais qu'on a profité d'une soirée avec les amis des amis de la petite ville de Soller. Cette semaine, en pleine haute saison, était peut être la plus calme qu'on aie connue en deux mois et vous savez quoi ? Pourvu que ça continue !

À côté de tout ça, il y a aussi les choses qui ne changent pas. J'ai toujours besoin d'une heure pour émerger le matin et j'aime toujours autant ce moment de la journée où l'air est encore un peu frais et je le fais toujours durer autant que possible. Johanna me parle toujours sur le vélo même si je n'entends rien et je continue d'aquiescer a distance pour éviter de crier "Quoiiiiii ???" et de perdre le rythme. Il fait toujours aussi chaud dans la tente la nuit, il fait toujours aussi chaud en Espagne l'été. On est toujours désespérée quand on arrive à cours d'eau, mais surtout... Surtout ! On a toujours autant envie de continuer et on est pas prêtes de rentrer. On veut voir d'autres îles, on veut rencontrer d'autres gens, découvrir d'autres plages, avoir encore d'autres longues journées en vélo car c'est tellement plaisant quand on arrive à destination et que ce n'était pas gagné.

Je ne sais pas où vous êtes mais nous, on arrive !