Le bonheur est bâti sur le sable.

Oscar Wilde ; Teleny, or The reverse of the medal (1893)


Velolidays - 6 mois en vélo - Paris-Athènes - France, Espagne, Portugal, Italie, Croatie, Bosnie, Montenegro, Albanie, Grèce - Les côtes du sud de l'Europe - 6 mois sous une tente - Un masque et un tuba - Sacrés mollets - Des pâtes à la tomate - La trace des lunettes - La liberté, après tout, la liberté avant tout...


On aurait pu lui donner beaucoup de titres à ce dernier article car il est difficile de résumer en quelques lignes, une aventure de plusieurs mois. Une chose est certaine, quelque chose restera toujours comme un coin de soleil dans nos têtes : voir la mer tous les jours. La mer, l'océan, les plages. Le bruit des vagues, le matin, le midi, et encore le soir. Se souler d'embruns du matin au soir puis du soir au matin. Et le sable dans les chaussettes, sous les claquettes, au fond des sacoches, et sur les serviettes. Lui aussi, fidèle a sa réputation, il ne nous a pas quitté pendant des semaines.


Oscar, comme toi "J'ai les goûts les plus simples au monde, je me contente du meilleur" et je pense aussi que "Le bonheur est bâti sur le sable". Et je suis désormais convaincue que le meilleur se trouve toujours au bord de l'eau.

On n'aura finalement rien fait de spécial en 6 mois à part longer la mer, et c'est spécialement ça qui a fait de ce voyage une aventure exceptionnelle. 6 mois sans contraintes, sans agenda, où l'essentiel de nos problème se résumait à trouver un endroit où manger et un endroit où dormir. Un quotidien qui n'a justement rien à voir avec le quotidien et toujours au soleil. Un luxe. Il nous reste une formidable envie de vivre très fort, une ribambelle de souvenirs, des traces de maillots indélébiles, un désir de voyager encore plus présent qu'avant et évidemment, de le faire en vélo. On rentre, le coeur et l'esprit libérés par ces 6 mois de liberté, un peu comme des petits soldats après une longue permission. Pourtant, on n'est jamais vraiment prêt à repartir en guerre, les quelques heures d'avion et l'arrivée à Orly sont aussi brutales qu'une paire de claque à laquelle on ne s'attend pas. Ca y est, on est de retour.


Le décor étant posé, revenons à des éléments plus factuels. Le saviez-vous?

  • Nous avons roulé 5550 km en vélo.
  • En termes de dénivelé cumulé, on aurait pu se rendre au beau milieu de la stratosphère, à un peu plus de 25 km au dessus du niveau de la mer.
  • 40% de notre budget a servi à nous nourrir
  • 24% à nous héberger
  • 16% à nous déplacer
  • 11% à nous vêtir ou à remplacer des pièces sur les vélos
  • et enfin, 8% à nous soigner ou à payer des sorties.
  • Au cours de notre périple, nous aurons passé 40 jours sans rouler (c'est la faute de la famille et des amis).
  • Le pays le plus cher pour se nourrir aura été la Croatie.
  • La Grèce, celui pour se loger (principalement car nous ne campions plus).
  • L'Espagne est celui où nous avons bu le plus de pots (Salud !) Et oui... C'est le pays du monde où on trouve le plus de bars par habitant !


Et aussi :

  • L'Espagne est aussi le pays où nous avons passé le plus de temps (Viva España !). Johanna a pris des airs de Bonnehon car l'amour pour un pays transpire toujours, qu'on le veuille ou non. Si vous cherchez à voyager par là-bas, laissez lui un WhatsApp et elle vous indiquera le lieu qui est fait pour vous.
  • La France est la pays où nous aurons vécu le plus grand nombre de jours de pluie. Parce qu'on est comme mariées à ce beaux pays, on l'a traversé pour le meilleur et pour le pire, et on est prêtes à recommencer car on a découvert des villes très sympas, rencontré des gens hyper accueillants, et entre vous et moi, il n'y a strictement AUCUN doute, c'est bien ici qu'on mange le mieux...
  • L'Italie est le pays où nous aurons le plus profité des plages, principalement grâce a la Sardaigne. On est parties avec l'image de l'italien arrogant et on s'est bien trompées. Les italiens sont gentils, en particulier dans le Pouilles. Malgré la langue, qu'on ne maitrise toujours pas, les contacts ont été nombreux et toujours très agréables.
  • La Bosnie est le pays où nous serons restées le moins longtemps. Et pourtant, on garde le souvenir d'une population qui force le respect. L'un des plus pauvre qu'on aie traversé et pourtant la générosité transpire un peu partout. Si vous aimez les clémentines, ou bien les figues, vous en trouverez partout, mais surtout, vous trouverez toujours des gens pour vous en offrir et pour vous aider sur votre route.
  • L'Albanie est le pays que nous avons le moins apprécié. L'Albanie souffre de sa mauvaise réputation, mais cette mauvaise réputation est aussi bien fondée. Nichée entre la Croatie et la Grèce, cette destination reste bien différente des autres. Il parait que c'est un pays qu'on adore ou bien qu'on déteste. On a choisi notre camp, mais on vous laisse vous faire votre propre expérience.
  • La Croatie est le pays où les dénivelés ont été les plus importants. Mais heureusement, elle arrivait à la fin du voyage, ce qui nous a permis de ne pas vraiment en souffrir. La Croatie, c'est le pays aux mille iles, aux paysages fabuleux, doté d'une côte magnifique. Un incontournable en Europe, c'est assez évident et on y retournera, c'est sûr.
  • L'Albanie était de loin le pays le moins cher de tous.
  • Le Portugal est le pays qu'on a préféré. On y mange bien, le Nord et le Sud offrent des spectacles très différents mais tout aussi attachants. Il est facile et agréable d'y faire du velo et même si c'est un pays tout petit comparé à L'Espagne sa voisine, on a adoré y passer beaucoup de temps et collectionner les sandwich mixtes, les Pasteis, les cochons à la broche, les filets des poissons frais et les après-midi ensoleillées. Si vous hésitiez encore à vous y rendre, alors n'hésitez plus. Ca n'a pas grand chose à voir avec l'Espagne et comme dirait notre Lola nationale, "C'est merveilleux !!!".
  • La Sardaigne restera LE coup de cœur du voyage. A tous ceux qui songeaient à se rendre en Thaïlande, ou bien dans les Caraïbes, à la recherche de plages paradisiaques, ne prenez pas ces avions ! Prenez plutôt un bateau depuis Marseille et foncez vers ce paradis d'eaux cristallines. On est tellement sûres que vous serez conquis, qu'on s'engage à vous rembourser les billets si ça n'arrivait pas.
  • La Grèce est le pays où nous avons fait le moins de vélo mais le plus de visites !! Et pourtant, c'est pas donné l'accès aux vieilles pierres ! Prévoyez un budget conséquent pour accéder à tous ses sites antiques. Ne ratez pas les théâtres, l'Acropole, et la ville de géants :)


Nous n'aurons jamais été volées, ni agressées. Malgré quelques moments un peu plus difficiles en Albanie, on peut dire que voyager en velo ne nous a jamais posé aucun problème de sécurité. Nous n'avons jamais été malades non plus, sauf à la toute fin quand Johanna a perdu la voix. Je l'ai soupçonnée un moment d'en avoir marre de me faire la conversation, jusqu'à constater que ses quintes de toux ne pouvaient définitivement pas être simulées. Et puis, on notera aussi une petite blessure au tibia en Croatie (qui était due à une journée de marche et pas du tout au vélo...). A part ça, nous ne déplorons aucun problème technique : nos petits corps bronzés et nos velos ont tenu la route jusqu'au dernier km. Jamais nous n'avions considéré ce voyage comme un défi sportif, et pourtant, certains jours ça l'a été. Mais en général, ce que nous avons fait, vous pouvez le faire aussi. Le velo en vacances, c'est accessible a tous. Vraiment ! Même quand on ne fait pas de sport régulièrement, même quand on fume, même quand on a quelques kilos en trop, même quand on pense qu'on ne peut pas. Le problème principal se pose après : quand on voyage de nouveau en voiture (ce que nous avons fait pour nos derniers jours en Grèce), et bah... On s'ennuie !!! On s'ennuie pas mal en fait. Pas de sport, pas de petits challenges, la route parait longue et monotone, on veut prendre des photos, mais ça défile trop vite, on voit un endroit sympa mais on est déjà 600 m trop loin, on loupe les petites criques, et puis on apprécie moins les repas car on n'a plus très faim. En bref ? Ça passe trop vite, un peu comme la vie parfois. Alors prenez le temps et choisissez le velo. Il vous offrira en retour plus de douceur, plus de temps, plus de paysages, plus de pauses, plus de plages, plus de voyage.


Alors maintenant ? Oui, c'est triste de rentrer, mais seulement quand on se dit qu'on ne repartira pas. Alors, non, on n'est pas tristes.

Pour le reste, de nouveaux défis nous attendent en France. Ils sont plus classiques et moins sexy mais ils sont nombreux : Trouver où loger, trouver où travailler, se ré-habituer au froid et à l'hiver, retrouver un quotidien. Quelque soit ce qu'on trouvera, quelque soit ce qu'on choisira, nos vélos ne seront jamais bien loin, et les plages non plus !-)