Bison futé avait prévu une journée noire sur les routes françaises. Etant si proches de la frontière, nous aurions du nous douter que nous serions aussi touchées par ce week-end de chassé croisé. Touchées, coulées. .. Car on a fait fort aujourd'hui, on a rattrapé d'un coup nos 3 mois de retard de poisse...


Tout a commencé très tôt ce matin, ou bien très tard hier soir, comme vous préférerez. Entourées par 4 tentes de "mauvais" touristes, impossible de se coucher avant 2h30 du matin... Et inutile d'essayer de dormir au-dela de 8h. Malgré notre anglais fluent, notre espagnol éclairé et nos grosses voix, nous n'avons pas réussi a venir à bout de nos voisins campeurs.

Alors dans ce cas, que fait-on ma bonne dame ? On attend dans le noir en fumant quelques cigarettes, que l'alcool aie raison de leurs conversations enflammées, et qu'ils décident tour à tour, qu'il est temps de se coucher. Puis, le moment venu, on file très vite dans sa tente pour s'endormir avant l'apparition des ronflements de ces buveurs de bière. Et le lendemain matin, on se réveille en sursaut, on cherche désespérément son short et ses claquettes et on va de nouveau faire la police dans un franco-anglais-espagnol maladroit, les yeux globuleux et forcément à moitié fermés (gardez bien ce détail en tête) car souffrant de cette nuit trop courte mais aussi du soleil catalan déjà très éblouissant.

Et puis, on se fait une raison, alors on finit par préparer le petit déjeuner et à faire chauffer l'eau pour le café. Car aujourd'hui, plus que jamais, il nous FAUT du café. Et on attrape son téléphone, pour prendre des nouvelles des proches.

Et la, c'est le drame. En une fraction de seconde, le tout nouveau téléphone reçu il y a quelques jours, se retrouve a bouillir dans la casserole avec l'eau du café. Panique, yeux globuleux -- Détresse -- On retourne la casserole sur le sol, mais il est déja trop tard. L'ecran est blanc, mes yeux pleurent, ceux de Johanna ne comprennent pas... Et évidemment le café est foutu.


Mais comme on est des guerrières, on se met quand même en route, à la recherche d'un tabac puisque nous quittons l'Espagne très bientôt. Il nous faudra une bonne heure, pour ne pas trouver le tabac au milieu de la place (yeux globuleux, toujours), et pendant ce temps la, la chaleur monte car on est en Espagne et en plein été. Alors, je m’arrête, je demande à un gentil policier qui m'indique la boutique a quelques mètres... A ce moment la, il se passe quelque chose de très bizarre. Johanna, sur son vélo (qui est donc sensé pédaler), marche sur une crotte de chien. Une belle, une grosse qui accroche, et qui réussit a se hisser en haut sur sa pédale (en plus de sa chaussure évidemment). Pas de panique !! On va a la station de service la plus proche et on va utiliser le jet d'air et d'eau. Hum... Re-pas de chance... Pas de pression !! La crotte reste sur la pédale (et sur la chaussure).

Alors, on se fait une raison et tant pis, on l'emmène avec nous. On débute donc notre ascension pour quitter Cadaques, très tard, sous la chaleur, avec un téléphone en moins, mais plein d'odeurs en plus. Johanna grimace pour une raison, et moi pour une autre.


Mais comme on est des guerrières, on continue et on finit notre journée à Colera, tout poche de la France, comme prévu. Bizarrement, cette ultime halte avant la frontière, m'évoque "Colère", "Cholera", et aucun sentiment très positif.


C'est comme ça que débute notre dernière soirée en Espagne. Quitter l'Espagne, c'est toujours un peu triste. C'est comme être sur le quai d'une gare, et dire au revoir à un ami de toujours ou à un amour de vacances. On sait qu'on se retrouvera un jour, pour le meilleur... Et pour le pire.